Les problèmes liés à la séparation entre émotions positives et émotions négatives

La pensée binaire s'immisce dans de nombreux pans de notre société. Nous passons beaucoup de temps à juger. Même quand nous essayons de ne pas juger, des siècles d'habitude nous rattrapent. Parmi les jugements que nous émettons, certains visent à ranger les choses dans des cases et à les étiqueter. Est-ce blanc ou noir ? Vrai ou faux ? Bien ou mal ? Il en va ainsi avec les émotions que nous avons pour habitude de classer en deux catégories :

• Les émotions dites positives ou agréables : bonheur, joie, plaisir, amour, amusement, satisfaction...
• Les émotions dites négatives ou désagréables : colère, tristesse, amertume, honte, peur, dégoût...

Cette catégorisation ignore la complexité du monde émotionnel et pose plusieurs problèmes majeurs :

• Elle ne repose sur aucune réalité : une émotion n'est ni négative ni positive en soi, pas plus qu'elle n'est agréable ou désagréable par essence (même si nous pouvons la considérer comme agréable ou la vivre de manière positive à certains moments).
• Elle ignore l'ambivalence de certaines émotions : une colère grisante, une joie rassurante, une peur excitante, une joie troublante...
• Elle est rigide et peut nous amener à penser que les ressentis sont universels et intemporels : pourtant, le rapport de chaque personne aux émotions diffère et peut évoluer dans le temps :
  • Pour certaines personnes ou dans certaines situations, la tristesse peut avoir un côté agréable ;
  • Pour d'autres personnes ou dans certaines situations, le plaisir peut être quelque chose de difficile à vivre et à accepter.

Le danger de cette catégorisation

Considérer certaines émotions comme mauvaises, négatives ou désagréables et d'autres comme bonnes, positives ou agréables peut nous amener à croire que certaines émotions sont préférables à d'autres. Et ainsi nous pousser insidieusement à :

• Rechercher à tout prix certaines émotions dites positives, même factices et éphémères, quitte à tomber dans l'optimisme forcé ou la positivité toxique ;
• Mettre en place des stratégies de fuite ou d'évitement pour minimiser ou réprimer les émotions dites négatives.

Le danger de cette croyance très répandue est double :

• Nous priver des informations cruciales que les émotions ont à nous transmettre.
• Nous couper progressivement de notre sensibilité, de ce qui fait de nous des êtres vivants.

Comme le dit Brené Brown dans sa conférence Ted que je vous partageais dans l'article Le pouvoir de la vulnérabilité :

 « Vous ne pouvez pas anesthésier vos émotions de façon sélective. Vous ne pouvez pas dire : "Là, c'est ce qui est mauvais. Voilà la vulnérabilité, voilà le chagrin, voilà la honte, voilà la peur, voilà la déception, je ne veux pas ressentir ces émotions." (...) Quand nous anesthésions [ces émotions], nous anesthésions aussi la joie, nous anesthésions la gratitude, nous anesthésions le bonheur. Et nous nous retrouvons malheureux. Et nous cherchons un but et un sens à nos vies. Et nous nous sentons vulnérables, alors nous prenons quelques bières et un muffin à la banane. Et ça devient un cercle vicieux. »

Que se passerait-il si nous décidions de faire différemment ? Si nous tentions simplement d'accueillir nos émotions, sans les juger ni les réprimer ?

Par exemple en expérimentant le check-in ou tour météo au sein de votre équipe.

Pour mieux comprendre le rôle et l'importance des émotions en entreprise, vous pouvez consulter les articles suivants :

• Le pouvoir de la vulnérabilité selon Brené Brown
• Fiche pratique - Le check-in ou tour météo pour accueillir les émotions en équipe
• Collectionner des timbres : sentiments refoulés et tournure tragique

Si vous souhaitez apprendre à mieux vous écouter et à mieux vivre vos émotions en tant que manager, le coaching professionnel peut vous y aider. Réservez un créneau découverte - offert et sans engagement - pour que nous en discutions